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A lire : « Voyage dans les Grandes Andes de l’Equateur » d’Edward Whymper

Considéré par les contemporains comme l’œuvre majeure d’Edward Whymper, ce livre est un témoignage historique de première main sur l’époque héroïque de l’alpinisme. Depuis 1892, année de sa publication à Londres, cet ouvrage n’avait jamais été traduit en français, c’est chose faite avec la présente édition.

« Voyage dans les Grandes Andes de l’Équateur » est un récit captivant d’exploration écrit par l’alpiniste britannique Edward Whymper, publié en 1892. Connu principalement pour avoir été le premier à gravir le Cervin en 1865, Whymper se lance ensuite dans une expédition audacieuse en Équateur entre 1879 et 1880. Son livre est bien plus qu’un simple journal de voyage ; c’est un témoignage scientifique et géographique détaillé sur les Andes équatoriennes, un massif montagneux encore largement inexploré à l’époque.

Edward Whymper, animé par son amour de l’alpinisme et son intérêt pour les sciences naturelles, entreprend son expédition en Équateur avec plusieurs objectifs en tête. Il souhaite d’abord explorer et cartographier des sommets andins encore peu connus, et surtout, mesurer les altitudes avec précision, une tâche qui à l’époque relevait encore d’un véritable défi scientifique. Whymper est également motivé par l’étude des effets de l’altitude sur le corps humain, une préoccupation grandissante chez les explorateurs de haute montagne.

Le livre est divisé en plusieurs sections qui couvrent à la fois le récit des ascensions de Whymper, ses observations scientifiques, et ses réflexions personnelles sur les paysages et les peuples qu’il rencontre. Whymper décrit avec minutie les différents volcans qu’il gravit, dont le Chimborazo, le Cotopaxi, et le Cayambe. Ces descriptions sont accompagnées de relevés topographiques précis et de données météorologiques, illustrant la rigueur scientifique de son approche.

Whymper détaille ses nombreuses ascensions, notamment la première ascension enregistrée du Chimborazo, qu’il atteint le 4 janvier 1880. Ce sommet, à l’époque considéré comme le plus haut du monde, est le point culminant de son expédition. Le récit de cette ascension est particulièrement saisissant, décrivant les défis liés à l’altitude extrême, aux conditions météorologiques imprévisibles, et à la rudesse du terrain. Whymper combine ses compétences d’alpiniste avec une observation scientifique rigoureuse, prenant des mesures barométriques et collectant des échantillons géologiques en cours de route.

Un aspect notable du livre est l’accent mis sur les observations scientifiques. Whymper documente les effets de l’altitude sur le corps humain, en observant ses propres réactions et celles de ses compagnons de voyage. Il note des phénomènes tels que les maux de tête, la fatigue extrême, et les hallucinations, offrant des premières données précieuses sur ce qui sera plus tard connu sous le nom de mal aigu des montagnes.

Le livre inclut également des études sur la géologie et la climatologie des Andes, ainsi que des observations botaniques. Whymper montre un intérêt particulier pour la flore locale, bien que ce ne soit pas son domaine d’expertise principal, et décrit les paysages naturels avec une sensibilité esthétique remarquable.

Whymper ne se limite pas aux montagnes ; il prend également le temps de décrire les populations locales et leur mode de vie. Bien que son regard soit parfois teinté du paternalisme colonial typique de son époque, ses descriptions offrent un aperçu précieux des cultures andines à la fin du 19e siècle. Il mentionne les différences culturelles, les pratiques agricoles, et les croyances religieuses, tout en notant les difficultés auxquelles ces populations font face dans un environnement aussi difficile.

À sa publication, « Voyage dans les Grandes Andes de l’Équateur » est salué pour son mélange unique d’aventure et de science. Il devient rapidement un ouvrage de référence pour les géographes, les alpinistes, et les scientifiques intéressés par l’Amérique du Sud. Whymper est reconnu non seulement pour ses exploits physiques, mais aussi pour sa contribution aux connaissances scientifiques sur les Andes.

L’héritage de ce livre est considérable. Il a non seulement inspiré de nombreuses expéditions ultérieures, mais il a aussi contribué à une meilleure compréhension des défis posés par l’altitude et les environnements extrêmes. Aujourd’hui, il reste un témoignage fascinant d’une époque où les grandes explorations étaient encore en plein essor, et où les montagnes les plus hautes du monde étaient des frontières à conquérir tant pour la science que pour l’esprit d’aventure.

« Voyage dans les Grandes Andes de l’Équateur » est bien plus qu’un simple récit d’exploration. C’est un document historique et scientifique précieux qui reflète la passion, la rigueur et le courage d’un homme déterminé à repousser les limites de la connaissance humaine. Edward Whymper y dévoile non seulement les secrets des Andes, mais aussi les capacités de l’esprit humain face aux défis les plus extrêmes.

 

Voyages dans les grandes andes de l’Équateur, Edward Whymper, éditions du Mont-Blanc, 2023

 

Lorsqu’en 1879 Edward Whymper part dans les Grandes Andes de l’Équateur, il a trente-neuf ans et déjà une longue carrière d’alpiniste, d’explorateur, d’auteur à succès derrière lui ainsi qu’une grande notoriété nationale et même bien au-delà du Royaume Uni. Dans l’esprit du public, il est le vainqueur de la Barre des Écrins, de l’Aiguille Verte et surtout du Cervin dont la première ascension en 1865 lui a assuré la célébrité, mais aussi de violentes critiques à la suite des morts accidentelles de quatre de ses compagnons d’ascension. Quelques années plus tard c’est en direction des Andes de l’Équateur qu’il va tourner son intérêt. Il décide de financer l’expédition entièrement sur ses fonds personnels, modestes, selon ses propres dires, démontrant ainsi une farouche volonté d’aboutir dans un projet très ambitieux pour l’époque, ainsi que d’extraordinaires qualités d’organisation. Il part avec son vieil ami et cependant rival dans la conquête du Cervin, Jean-Antoine Carrel, ainsi que son cousin, Louis Carrel également originaire de Valtournenche dans le Val d’Aoste. Le but officiel de l’expédition en Équateur de 1879-1880 était d’étudier les effets de l’altitude sur le corps humain dont les conséquences étaient alors mal connues. L’intention de Whymper consistait à passer le plus de temps possible sur le Chimborazo pour observer les effets de l’altitude sur lui-même ainsi que sur ses compagnons. Le but était aussi d’étudier le phénomène du mal des montagnes. En dépit du fait qu’il n’ait eu aucune formation scientifique poussée pour ce type de recherche, l’immense travail accompli dans des conditions parfois extrêmes mérite le respect. Un autre de ses projets était de ramener des collections d’échantillons botaniques, zoologiques, géologiques (Whymper utilisa par la suite certains des échantillons de roches en les vendant au public à l’issue de ses conférences) et archéologiques. La quête fut un véritable succès. Enfin, il était question d’accomplir une série de premières ascensions de sommets dépassant largement tout ce à quoi les grimpeurs étaient habitués en Europe.
Sur les 212 jours de son séjour dans l’intérieur du pays, seuls 4 jours se déroulèrent au-dessous de 1 200 mètres et au total 36 nuits furent passées au-dessus de 4 300 mètres. Pendant le séjour, il accumula une impressionnante collection de près de 8 000 spécimens. Whymper ramena de son aventure collective une solide liste de premières ascensions, le Chimborazo qui longtemps avait passé pour le sommet le plus haut du monde, le Sincholagua, l’Antisana, le Pichincha, le Cayambe, le Sara-Urcu, le Cotocachi, et le Carihuairazo.

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